La loi n°2008/001 de révision de la Constitution promulguée, le 14 avril 2008, par le Président Paul Biya concernait exclusivement la Constitution politique du Cameroun et, pour l'essentiel, le statut du Chef de l'Etat ; la Constitution sociale n'a subi, elle, aucun amendement. Le pouvoir de révision souverain a délibérément ignoré la revendication constitutionnelle d'une frange de la société civile en faveur d'une couche de la population peu représentée à l'Assemblée Nationale (13,9% des députés, le Cameroun figurant au 84ème rang du classement mondial de l'Union interparlementaire), mais majoritaire dans le corps électoral : les femmes.
Le 25 janvier 2008, le RESEAU DE SOUTIEN A LA PARTICIPATION POLITIQUE DES FEMMES AU CAMEROUN avait organisé une journée de réflexion
Cette journée avait débouché sur la formulation d'une proposition rédigée d'articles à introduire dans la Constitution de 1996. Vous pouvez en prendre connaissance dans
"LA DECLARATION FINALE DE YAOUNDE SUR LA PLACE DE LA FEMME DANS LA CONSTITUTION REVISEE DU CAMEROUN"
Vous conviendrez aisément que la proposition d'articles n'était pas le décalque de la loi constitutionnelle française du 9 juillet 1999 relative à l'égalité entre les femmes et les hommes : l'approche en termes de quotas - les femmes bénéficieraient de droit d'au moins 30% « des postes dans les organes de décision », terme englobant et dépassant les fonctions politiques électives - s'inscrivait dans une visée globale d'émancipation de la femme par des mesures discrimination positive ancrées dans la Constitution. Par ailleurs, "LA DECLARATION FINALE DE YAOUNDE" illustre la propension des africain(e)s à se saisir de la Constitution pour en faire leur « chose », y compris sur le terrain sensible des moeurs et sans nécessairement s'abîmer dans les erreurs en tout genre.
Rendre objectivement compte des reculs comme des avancées sur le chantier de l'Etat de droit et de démocratie pluraliste en Afrique, telle est la raison d'être de votre site de droit constitutionnel LA CONSTITUTION EN AFRIQUE.
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Stéphane Bolle
Maître de conférences HDR en droit public