A Djibouti, la Constitution du 15 septembre 1992 vient de subir sa troisième révision.
Après son adoption par la seule Assemblée Nationale, par un vote unanime de 59 des 65 députés, tous partisans du Président de la République – suite au boycott par l’opposition des élections législatives de 2008 -, la LOI CONSTITUTIONNELLE N°92/AN/10/6ème L a été promulguée, le 21 avril 2010, par Ismaïl Omar Guelleh.
La troisième révision, dont la presse officielle a fait une présentation élogieuse (cf. articles de "La Nation"), n’est pas anodine. Fort représentative du constitutionnalisme de réaction qui sévit presque partout en Afrique, elle inscrit dans le marbre de la Constitution quelques progrès – par exemple, l’abolition de la peine de mort et l’institution d’un médiateur -, mais elle masque mal son objet principal : lever le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels, pour permettre au Chef de l’Etat en exercice de briguer un troisième mandat en 2011. Un exemple topique de "révisions dangereuses".
A Djibouti, la Constitution, révisable à merci, épouse, toujours, la volonté du Président.
Stéphane BOLLE
Maître de conférences HDR en droit public
http://www.la-constitution-en-afrique.org/